Aujourd'hui, Jaunotte part à la découverte de la chapelle de Vaux-Navier (1883), de son oratoire et de la légende de Vaux-Navier (Arc-sous Cicon).
Non loin d’Arc-sous-Cicon, pudiquement cachée par quelques foyards et épicéas, se trouve une petite chapelle dont l’origine de la construction a été oubliée depuis bien des lustres...
L’endroit se nomme Vaux-Navier. C’était autrefois le lieu préféré des petits bergers qui se retrouvaient ici, non devant cette chapelle, mais au pied d’un rocher en forme de grotte dans laquelle se trouvait une vierge en bois, protégée par une grille de fer forgé.
Ce jour-là, les conversations allaient bon train, et l’un des enfants s’en vint à parler de la Vierge toute proche et de ses miracles en citant des faits précis, des vœux exaucés, des épidémies évitées.
Après cette discussion orageuse, l’un d’eux, qui ne croyait pas aux miracles, dit s’approchant de la vierge : "On va bien voir !", et en prenant dans sa main un quignon de pain, il s’approcha de la bouche de la vierge en disant : « Tian, meuge-en voir st peux » (Tiens, manges-en si tu peux). Devant l’immobilité de la statue, il se redressa triomphant en disant : « Vous voitet ben, le n’peux pas migi lou pan » (Vous voyez bien, elle ne peut pas manger le pain). Cela jeta un froid parmi les bergers qui croyaient aux miracles de cette bonne vierge,tandis que les autres se redressaient fièrement, conscients de leur supériorité.
Un silence pesant régnait sur la petite communauté. Chacun mâchonnant son maigre repas, les yeux rivés au sol. Cet instant de malaise cessa lorsque des chevaux parvinrent à s’échapper du troupeau. Affolés et paniqués, les bergers se précipitèrent pour les rattraper, et c’est en les approchant que l’un des bergers reçut une violente ruade à la mâchoire, le faisant chuter à quelques mètres de là…
Tous reconnurent immédiatement notre berger, défiguré de douleur. A cet instant, un hennissement moqueur fit grande impression sur ce petit monde qui vit là comme le châtiment infligé par la Vierge.
Bien sûr, l’histoire fit rapidement le tour de la contrée, et l’on voulut rapporter la statue à l’église d’Arc-sous-Cicon... mais chaque fois, celle-ci s’en retournait dans sa cavité de pierre. D’aucuns diront qu’elle préférait écouter les conversations égrillardes des petits bergers plutôt que les prières célestes des religieuses....
C’est alors qu’on décida de lui bâtir une chapelle qui fut détruite pendant la révolution. Elle fut reconstruite en 1883 par les soins de l’abbé Perruche grâce aux souscriptions des gens d’Arc. Certains prétendent que l’ancienne vierge de Vaux-Navier est encore à l’église d’Arc, ou qu'elle a été repeinte.
Sources : P.Dieudé et Frédéric DELGRANDI