Son domaine, il ne l’a pas nommé, mais tout le monde l’appelle Brendel, son nom à lui. René, 73 ans, est tombé dans la cuve sur le tard, mais avec passion. Le Cerdon et le Bugey, il peut en parler des heures, en le partageant de préférence, dans sa cave, rue de l’Église à Journans. Et la dégustation, autant que ces pétillantes histoires, vaut le détour.
Cet ancien responsable de centre de loisirs a d’abord tâté de la vigne en amateur, en donnant des coups de main à Jo et Gilles Ballet, des viticulteurs de Journans. Puis de ceps en ceps, louant quelques bouts de terrain, achetant le reste, il s’est lancé en 1988, a lâché l’animation pour devenir vigneron.
« J’ai commencé à produire du pétillant dans un tank de 200 litres, méthode ancestrale et depuis, les bonnes années, je tourne autour de 15 000 bouteilles. » René a 23 parcelles, dans 4 communes différentes, « ce qui fait un peu moins de 3 hectares. Le plus compliqué, c’est de trouver de la terre. Les vignerons sont en concurrence avec les terrains constructibles, plus rentables pour une commune que du raisin, à cause de la taxe d’habitation. Et puis il faut obtenir le droit de plantation une fois le coin trouvé ».
Mais il ne faut pas se plaindre, les producteurs de cerdon ont une clientèle fidèle : « Il est pratiquement vendu d’avance, on a du mal à satisfaire la demande »
La raison d’un tel succès ?
Beau, rosé à souhait, festif, le cerdon est doux, pétillant avec une méthode ancestrale de vinification en prime pour les puristes. Bref, il contente tous les palais, le nôtre en tout cas. Seulement voilà, depuis deux ans, le climat et les gourmands blaireaux ont fait des ravages. « C’est simple, j’ai réduit la production de moitié. » Mais René reste zen, un tour dans ses vignes suffit à lui redonner le sourire, cacher derrière sa moustache.
Un savoir-faire acquis sur le tas et le tard
« C’est avec les anciens que j’ai appris, ils m’ont enseigné que la pratique la plus naturelle possible, ça donne de belles vignes, mais c’est surtout être bien dans son environnement. Gilles Ballet m’a montré comment tailler et le père Magdeleine, de Gravelles, m’a appris à vinifier. » Au final, l’épopée de René Brendel c’est avant tout une philosophie de vie.
« La vigne ça conserve, plaisante-t-il, c’est physique et on est en permanence en contact avec la nature. »
René Brendel n’a pas le label officiel « bio », mais depuis ses débuts dans les sillons, il en a les pratiques : « J’ai beaucoup de vieilles vignes où je ne peux pas être mécanisé. Je n’utilise que des produits de traitements bio, et en quantité limitée, aucun désherbant. Le fait de m’être occupé de gamins pendant des années, de les avoir sensibilisés à la nature et à la santé, ça m’a marqué je pense »
Son avenir ?
Bientôt, il se verrait bien tuteur pour de jeunes vignerons, histoire de passer la main en douceur, puisque ses enfants ne sont pas du tout dans le milieu de la vigne. « Mon souci, c’est la transmission de ce que j’ai essayé de construire ici. Avec trois ou quatre collègues, nous sommes tous partis de zéro, et l’âge avançant, on pense à l’avenir. Nous souhaitons nous créer une société avec deux jeunes. Deux car ainsi, ils pourraient se relayer un peu, car le métier est aussi ingrat, malgré la qualité de vie qu’il y a autour. Ainsi, ils auraient du temps libre et petit à petit, je pourrais leur transmettre mes terrains et mon savoir-faire »
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